jeudi 30 août 2007

Journal d'un ancien globe-trotter - Suite 4

Saint Denis, le 5 janvier 2005

Hier, j’ai pas écrit une ligne… Je suis rentré trop tard, je me suis couché tout de suite… En fait, j’étais rentré comme d’habitude, mais je suis ressorti presque aussitôt. Trop le cafard… Clémence ne m’appelle plus du tout. Elle ne répond pas non plus aux messages que je lui laisse sur sa boîte vocale… Pourtant, elle les trouve forcément… Pourquoi n’y donne-t-elle pas suite ? J’angoisse un maximum ! En y repensant plus à fond, je me souviens qu’avant son départ, je l’avais trouvée un peu bizarre, pas vraiment comme d’habitude… Je n’y avais pas trop prêté attention sur le coup, j’avais mis ça sur le compte de la fatigue. Mais maintenant, je me demande s’il n’y a pas autre chose… C’est pour ça que je suis ressorti, pour me changer les idées. Je suis allé retrouver un collègue redevenu célibataire, et qui dîne tous les soirs dans le même resto. On a mangé ensemble au Palais de l’Orient ; mon copain aime la bouffe asiatique et moi aussi de temps en temps. Ensuite, on a terminé la soirée sur le Barachois, dans le bistrot à la mode, « Le Roland Garros », face à l’océan indien. Bien sûr, on a pas mal bu… Lui, pour oublier que sa femme s’est barrée définitivement en France il y a six semaines, et moi, pour essayer de me rassurer en pensant que la mienne allait me revenir dans une quinzaine. Forcément, on s’est beaucoup faits draguer… Deux mecs seuls, « métros » ou « z’oreilles », ça se remarque ! Les Réunionnaises, surtout les créoles bronzées, nous apprécient tout particulièrement… Si on avait voulu… Mais on n’avait pas la tête à ça, vraiment pas !
Arnaud et moi, on a plutôt l’alcool triste. Il n’en finissait pas de me raconter pour la énième fois, l’histoire de son couple… C’est justement parce qu’il avait eu un soir une petite défaillance avec une jeune et belle cafrine, que son épouse l’ayant appris avait fait immédiatement sa valise sans attendre d’explications. Eméché, il ne cessait de me répéter, me montrant la table d’en face où jacassaient en riant trois jolies filles métissées qui nous lorgnaient effrontément, l’œil brillant de convoitise : « Tu les vois, ces trois-là, hein ? Ces petites salopes n’ont pas froid aux yeux, elles nous draguent carrément ! C’est exactement comme ça que ça m’est arrivé… Moi, j’ai rien fait. Tu le sais bien, toi, Alexandre, que je suis pas un homme à femmes… C’est elle qui s’est jetée dans mes bras ! Je comprenais pas du tout ce qui m’arrivait… Sauf qu’une vraie bombe de bimbo exotique s’offrait tout à coup à moi… J’ai perdu la tête… T’aurais pu résister, toi ? Moi, j’ai pas pu ! Je suis sûr que peu de mecs auraient pu… J’ai eu beau essayer d’expliquer la chose à Marine, elle a rien voulu savoir ! Et pour une connerie passagère, me voilà maintenant comme un con ! Tu me diras qu’à présent, j’ai le champ libre… D’ailleurs, si Marine ne revient pas, c’est peut-être ce que je finirai par faire… Mais pour l’instant, ça m’en a coupé l’envie… ». Comme il commençait à avoir la larme à l’œil j’essayais de le consoler, lui affirmant que venir sur les îles tropicales représentait justement un danger de ce côté-là pour beaucoup de couples ; et qu’on en voyait d’ailleurs pas mal qui se brisaient, parce que le mari, tout comme lui, Arnaud, n’avait pu résister à l’appel de trop belles sirènes bien bronzées. Mais j’étais mauvais dans le rôle, j’étais moi-même trop soucieux… Et puis, je me rendais compte également que je commençais à avoir des difficultés à parler. Il était temps que je rentre, si je ne voulais pas ensuite me heurter à tout ce que je rencontrerais sur le trottoir… J’ai donc entraîné mon copain dans le même état que moi, et nous sommes sortis assez dignement, sous le regard extrêmement déçu et frustré des demoiselles créoles. Après une accolade, Arnaud et moi sommes partis chacun de son côté. Heureusement qu’on était à pied et qu’on n’habitait pas trop loin du bistrot ! C’est bien d’ailleurs pourquoi on se permettait de boire autant…


A suivre...

mercredi 29 août 2007

Journal d'un ancien globe-trotter - Suite 3

Donc, en 86, c’était l’époque où Dutronc chantait « Merde in France », celle ou Coluche avait créé les Restos du cœur... On dit que ça va mal maintenant en France, mais à cette époque-là aussi. Sans doute que c’était le début, et que ça n’a fait que continuer… Sans Coluche, malheureusement, pour trouver les bonnes solutions tout en nous faisant momentanément oublier, par sa gouaille ironique, la grisaille ambiante. Puisqu’il devait, comme on le sait, se tuer à moto… Chômage et compagnie sévissaient, moi-même j’avais été touché ; et en plus, après deux ans d’un fulgurant mariage, je venais de divorcer… A part ma famille qui se souciait fort peu de ma personne, je ne laissais derrière moi que quelques braves potes, partis eux aussi ailleurs depuis longtemps. Ibiza, Formentera, le Népal, le plus souvent… « Peace and love », « Make love and not wear », l’époque hippie perdurait encore… C’est alors que je décidai moi-même de tout larguer, et un beau jour j’ai pris la route, direction Ceylan devenu depuis Sri Lanka… Façon de parler, d’ailleurs, parce que j’ai d’abord pris un avion à Orly, avec le peu d’argent que j’avais pu récolter de la vente de mes quelques affaires. Plus exactement un charter, pour l’économie… Un avion russe, un vieux coucou de Tupolev, qui, avant que j’en reprenne un autre pour Colombo en passant d’abord par Bombay, m’emmenait directement à Moscou. Epique, le voyage ! Mais un bon souvenir tout de même… J’avais vingt-six ans, et l’aventure, quelle qu’elle soit, me remplissait à chaque fois d’un fougueux enthousiasme. Aller à la découverte d’un ailleurs, m’a toujours paru une perspective autrement intéressante que de stagner des années au même endroit. Mais c’est surtout l’envie des grands espaces, ceux des terres chaudes gorgées de soleil, qui m’attirait.
Dans l’avion, les sièges étaient étroits, inconfortables et usagés. Ce Tupolev était vraisemblablement un vieil engin datant de Mathusalem ! Au moment de la distribution des maigres et insipides repas, deux hôtesses en blouse nylon bleue s’affairaient derrière leur chariot ; elles étaient presque aussi larges que celui-ci, et ressemblaient davantage à des filles de ferme qu’à des hôtesses… Ou encore, à des femmes de ménage, puisqu’elles opéraient avec ces sortes de blouses de travail dépourvues de toute élégance. Tâchant de réprimer rires ou sourires trop flagrants, durant le voyage je m’étais amusé à lorgner leur énorme popotin, leurs hanches trop épanouies et leur imposante poitrine, que l’immense blouse avait bien du mal à contenir ! Mais le plus drôle demeurait leur visage trop fardé, qui les faisait ressembler à quelque « Poupée russe », tant il paraissait figé et coloré, enduit comme il l’était d’un copieux et outrancier maquillage… Un maquillage qui détonnait, par son contraste effarant avec l’accoutrement vestimentaire. Même maintenant, je m’en souviens encore… Sur un teint blanc rosé, deux énormes taches rondes d’un pourpre violent avaient été plaquées sur chaque joue, formant deux marques trop voyantes qu’on avait immédiatement envie d’estomper ; les lèvres étaient recouvertes d’un rouge agressif qui débordait de tout côté, tandis que les yeux, petits et bleus, montraient surtout d’eux une pâte épaisse et disgracieuse du même ton, étalée en une large couche sur toute la paupière ; ce qui leur conférait un regard de clown inexpressif… Les contempler était à la fois triste et amusant, tellement c’était ridicule et grotesque. Je me souviens aussi que durant le vol, il y avait eu de nombreux trous d’air, surtout un peu avant l’arrivée à Moscou ; où une température de moins vingt degrés venait d’être annoncée… Il faut dire que j’avais choisi le mois de décembre pour partir…
Une mauvaise surprise m’attendait à l’aéroport : cinq heures d’attente, avant de repartir sur Bombay ! Et il était deux heures du matin… Mais une autre surprise, très bonne celle-ci, me permit de patienter sans trop souffrir : malgré mon appréhension concernant le froid ambiant, il régnait dans l’aéroport une chaleur surprenante, une très bonne chaleur… C’était même extraordinairement surchauffé, et j’avais dû retirer mon manteau pour ne pas étouffer. Finalement, je m’étais allongé sur un banc et j’avais réussi à roupiller…
Bon, pour ce soir ça suffit, j’arrête là ma prose… Je suis déçu, Clémence ne m’a pas appelé… Une fois de plus ! Et il est trop tard maintenant pour que je l’appelle… Tant pis ! J’’ai envie de dormir, je pars me coucher.


A suivre...

dimanche 26 août 2007

Journal d'un ancien globe-trotter - Suite 2

Donc, ce soir, au lieu de continuer à m’avachir dans mon fauteuil télé, j’ai filé dans mon bureau sitôt les infos terminées. Et, en attendant impatiemment un coup de fil de Clémence, j’ai sorti d’une vétuste cantine que je trimballe toujours partout avec moi, une sorte d’énorme cahier ; plutôt du genre gros carnet, avec son épaisse couverture cartonnée recouverte d’une légère fibre textile noire, comme on en utilisait autrefois pour la comptabilité… D’ailleurs, je pense que ce cahier me vient de mes grands-parents qui devaient y faire leurs comptes, puisqu’ils étaient commerçants… Toujours est-il que celui-ci était entièrement vierge et qu’il se prête assez bien à la calligraphie, malgré son quadrillage de légères lignes vertes. Et je viens d’y déposer sur la première de ses pages, tout ce qui précède… J’en écrirai un peu de temps en temps, chaque soir si je suis courageux. Comme ça, les nuits seront moins longues… Je peste de ne pas savoir me servir, comme Clémence, de mon clavier d’ordinateur. Elle, elle sait taper avec tous ses doigts ! Moi, avec deux seulement j’y renonce ! Je peine trop, je me trompe sans arrêt, ça n’avance pas assez vite. Retour aux vieilles méthodes… Epistolaires. Après tout, c’est plus romantique ! Sauf que j’écris comme un cochon… Faut que je fasse un effort, sinon, je pourrai même pas me relire !
Après ces considérations dépourvues d’un grand intérêt, il faut quand même que j’entre dans le vif du sujet… Parce que, si je me décide à écrire mes mémoires, ce sont celles d’un temps révolu, et non celles de maintenant. Celles de maintenant, en dehors du fait agréable qu’elles se passent sur une île plutôt attractive avec une compagne que j’adore, sont tout de même à classer dans la série « Métro, boulot, dodo »… Et d’ailleurs, ce ne sera en fait qu’une réécriture… Parce que tout ça, c’était déjà consigné dans une sorte de carnet de route, qu’un beau jour j’ai perdu. Je crois même savoir où… Dans l’avion de Paris qui m’amenait à La Réunion il y a près de cinq ans, où il sera sans doute tombé sous mon siège… C’était un peu avant que je rencontre Clémence. Alors, il faut vite, maintenant que j’en ai le temps, que je me remémore toute ma vie d’avant elle, du moins à partir de mon départ pour le Sri Lanka, fin 1986…
Ce retour au passé va me changer les idées, tout en faisant sûrement ressurgir des choses oubliées. Il est temps, à la quarantaine bien tassée… à l’approche des cinquante piges qui se précisent… Parce que je risquerais peut-être bien ensuite, de ne plus me souvenir de certains détails…


A suivre...

jeudi 23 août 2007

Journal d'un ancien globe-trotter - Suite 1

Quelques kilomètres plus loin je dépassai Le Port, La Possession, puis Rivière des Galets. Et après avoir franchi le pont métallique qui enjambe cette imposante ravine composée de gigantesques blocs de pierre arrondis rejoignant la mer, j’arrivai enfin à Saint-Paul. J’habitais dans une jolie villa de bois peinte en blanc au charme typiquement créole, du style case Tomy avec ses volets à bascule, sa varangue et sa décoration agrémentée de lambrequins ; plantée au milieu d’un minuscule jardin parsemé de frangipaniers blancs, de bananiers et de bougainvillées, elle se trouvait en arrière-plan de la plage de Saint-Paul, sur une petite butte au-dessus de l’océan et non loin du célèbre cimetière marin. Cimetière devenu célèbre, surtout grâce à la tombe du pirate corsaire, La Buse, qui y fut enseveli à la verticale, pour le punir de ses méfaits. Une vraie légende… Puisque, après que ce dernier fût pendu sur l’île et enterré debout, – exprès paraît-il, afin qu’il ne puisse se reposer – un énigmatique parchemin a été retrouvé dans ses affaires, mentionnant sous forme de rébus restés indéchiffrables jusqu’à ce jour une fortune considérable, qui aurait été cachée en un endroit précis de La Réunion… Quelques naïves et opiniâtres personnes la cherchent d’ailleurs toujours. Dans l’espoir, sans doute, d’être enfin les heureux gagnants d’un jeu gratuit qui dure depuis des décennies, et censé les mettre une fois pour toutes à l’abri du besoin… Ce cimetière demeure l’une des nombreuses curiosités de l’île, que viennent forcément visiter la plupart des touristes.
Une fois chez moi, après avoir avalé rapidement le reste d’un carry poulet accompagné d’un rougail mangue, je ne résistai pas plus longtemps à la tentation de me plonger dans la lecture du mystérieux carnet trouvé…
Bien installée dans les profondeurs de mon fauteuil préféré, voici ce que je lus avec un intérêt croissant, auquel se mêla ensuite une certaine stupéfaction, au fur et à mesure du récit :

Ile de La Réunion
Saint Denis, le 3 Janvier 2005.

Ce jour, j’ai décidé de me confier sur papier, de me souvenir… Je m’ennuie… L’ennui, peu y échappent, il rattrape toujours tout le monde tôt ou tard… Pour le tromper, j’ai décidé de rédiger quelques lignes sur des évènements marquants de ma vie ; ça me fera passer le temps intelligemment, au lieu de rien glander…
Et pourtant, on devrait jamais s’ennuyer… Les années filent à une telle vitesse ! Dire qu’on est déjà en 2005… Tout va tellement vite finalement ! Plus on avance en âge, et plus on en est conscients… Décidemment, c’est bien vrai que la vie se conjugue davantage au passé, et que l’avenir se rétrécit comme une vraie peau de chagrin !
Oui, aujourd’hui, c’est vrai, je m’ennuie passablement… Je tourne en rond dans la maison. J’attends Clémence avec impatience… Près de huit jours déjà qu’elle est partie chez sa mère en métropole, comme tous les ans pour les fêtes ! Et comme tous les ans, impossible pour moi de la suivre là-bas. Travail oblige… On ne fait pas toujours ce qu’on veut ! Pas comme autrefois, quand j’étais célibataire, et que je préférais prendre les chemins de la liberté, ceux qui mènent à Rome et encore plus loin, plutôt que ceux mornes et astreignants de bureaux parfois austères…
J’ai le temps d’attendre, Clémence ne rentrera que le 20… Elle est à peine partie, que j’attends déjà son retour avec impatience. Et je me sens tout à coup un peu seul ! C’est con les mecs, quand ils se retrouvent seuls… Habitués à se reposer presque entièrement sur leur compagne pour les travaux ménagers, ils se sentent tout à coup perdus ! Je me sens perdu… Le soir, je mange à n’importe quelle heure, je bouffe n’importe quoi... Je laisse tout aller dans la maison… Je fais même pas le ménage… Quant à mon lit… Faudra vite que j’y mette bon ordre avant l’arrivée de Clémence !
Quand je rentre du boulot en fin de journée, la première chose que je fais, c’est d’attraper la bouteille de whisky… Ou encore de rhum arrangé, mais moins souvent, ça pèse trop sur les neurones. Il me manquerait plus que de fumer du zamal, comme les rastas réunionnais… Mais les joints, c’est plus mon truc. Donc, je m’écroule au fond d’un fauteuil devant la télé, et je me tape deux ou trois verres – bien tassés, il faut le dire ! – en la regardant pendant des heures…
Chaque soir, je dois être un peu pété… Si Clémence me voyait, elle que ça énerve quand je bois trop… Mais elle s’en doute, la fine-mouche… La dernière fois, au téléphone, elle m’a fait une remarque sur ma drôle de voix… Une voix un peu pâteuse, évidemment ! Mais à elle aussi, j’ai trouvé une drôle de voix… Bah ! Sans doute qu’elle était pas contente après moi ! Heureusement qu’on se téléphone assez souvent… Enfin, surtout moi… Parce que j’’ai beau lui demander de m’appeler… Je comprends vraiment pas pourquoi elle le fait de moins en moins souvent... Bien obligé de constater que si je l’appelle pas… J’espère qu’elle va le faire ce soir… Vu la joie que ça me procure aussitôt de l’entendre… Alors que, curieusement, j’ai de plus en plus la désagréable impression que ce n’est pas vraiment réciproque, ce qui me perturbe pas mal… C’est bien surtout maintenant que je me rends compte à quel point ma douce amie me manque ! J’en suis d’ailleurs constamment étonné, moi, l’ancien baroudeur qui sillonnait les routes en solitaire, n’ayant besoin de rien ni de personne ! Sauf, de m’en mettre plein les yeux, en partant toujours vers un autre ailleurs qui serait encore plus beau ou plus intéressant…
Mais quand on rencontre une femme qui vous plaît vraiment, forcément on stoppe tout, on s’embourgeoise ! Enfin, je ne vais pas cracher dans la soupe… Près de cinq ans de bonheur avec mon adorable Clémence, ça compte plus que tout le reste, et c’est quand même pas rien ! Alors, maintenant, bien sûr, je pense différemment… Par exemple, je me dis qu’il est heureux que les téléphones mobiles existent ! C’est pratique pour tout le monde, mais pour les gens qui s’aiment, absolument indispensable !


A suivre...

mardi 21 août 2007

Vous ne connaissez pas l'île de La Réunion ? Lisez ma dernière nouvelle inédite ! Amour, intrigue et mystère sont au rendez-vous !

JOURNAL D'UN ANCIEN GLOBE-TROTTER

Il vient de m’arriver une chose assez insolite…
En poste sur l’île de La Réunion depuis quelques mois, comme c’était le week-end, j’avais décidé ce jour-là d’aller à Saint-Denis, la capitale. Visiter le Muséum d’Histoire Naturelle, qui se trouve en centre ville, dans un vaste et beau parc dénommé Jardin de l’État…
De prime abord, ce musée n’a pas l’air d’en être un, installé comme il l’est à l’intérieur d’une superbe case créole du plus pur style colonial : immense corps de bâtiment rectangulaire, flanqué en façade de quatre très hautes colonnes soutenant un chapiteau triangulaire. Le tout d’une blancheur éblouissante, au milieu de cet écrin de verdure baigné presque en permanence d’une intense luminosité.
Après m’être parfois étonnée, parfois émerveillée devant le patrimoine biologique de la faune et de la flore réunionnaises, dont certaines espèces endémiques disparues depuis, mais regroupées ici sous différents aspects tels que croquis, aquarelles, herbiers, oiseaux empaillés, sculptures diverses et squelettes d’animaux, je sortis du musée un peu plus instruite qu’auparavant sur mon nouveau pays. Notamment sur les dodos, dont j’avais souvent entendu parler sans savoir qu’il s’agissait de sortes d’énormes dindes sauvages, tellement chassées autrefois pour leur chair malgré l’odeur épouvantable que, paraît-il, elles dégageaient, (peut-être aussi pour cela ?) qu’elles avaient très vite disparu ; de même que toute espèce de singes et de perroquets, d’ailleurs… Et redoutant davantage à présent, je dois dire, de trouver dans mon habitation quelque scolopendre ou scorpion, eux, toujours bien présents… Même si leur piqûre n’est, semble-t-il, pas aussi dangereuse ni douloureuse que dans d’autres pays tropicaux ou équatoriaux. Mais plutôt heureuse maintenant, de pouvoir enfin donner un nom à ces fines silhouettes, si particulièrement blanches et gracieuses, que j’avais déjà souvent remarquées planant dans l’azur du ciel… ou encore, tournoyant au-dessus de l’océan pour y plonger soudain parfois, à l’affût de quelque pitance. Ce sont les fameux Paille-en-queue, ces oiseaux mythiques de l’île par excellence… J’étais quand même un peu triste d’avoir appris qu’en quatre siècles, l’homme avait fini par éliminer vingt-cinq espèces d’oiseaux, une vingtaine de plantes, et quatre-vingt pour cent de forêt… Dieu merci, je fus rassurée de savoir que, malgré tout, les botanistes du monde entier s’accordaient à reconnaître La Réunion comme unique en son genre, parce qu’étant la seule à posséder autant de plantes endémiques et exotiques, et autant d’espèces de bois de couleurs (cent cinquante-trois exactement) sur une surface aussi restreinte. N’empêche que je regrettais beaucoup qu’il n’y ait plus d’oiseaux-mouches, de calaos, de perroquets et de singes ! L’homme, toujours lui, (surtout les premiers débarqués sur l’île) avait encore perpétré ses dégâts…
Je m’étais ensuite assise sur l’un des nombreux bancs du parc, sous les frais ombrages d’un Flamboyant apparemment centenaire ; subjuguée, j’admirais son opulente chevelure qui retombait en une profusion de grappes d’un rouge incandescent, pensant immédiatement que ce bel arbre ne pouvait pas mieux mériter son nom. Je me trouvais face au très imposant bassin qui occupe, sur presque toute sa longueur, la partie centrale de cette sorte de square géant que représente le Jardin de l’État. Occupée à contempler sa multitude de jets d’eau s’élevant à bonne hauteur, délassée et rafraîchie par le gracieux spectacle de la pluie irisée retombant avec légèreté dans l’éclatant soleil, je n’avais pas vu la jeune cafrine qui s’était avancée jusqu’à mon banc. Lorsqu’elle s’adressa à moi, je remarquai aussitôt la beauté un rien sauvage de la fillette, avec son métissage lui donnant un teint satiné couleur café au lait, ses yeux de lynx mi-bleus, mi-verts, sa chevelure brune aux reflets fauves, épaisse, abondante, qui lui descendait aux épaules en une cascade brillante de boucles détendues comme une myriade de petits ressorts ; sa silhouette féline, élancée et souple, se découpait, lumineuse, dans les rayons solaires. Elle me dit, avec ce parler créole si particulier, vif et chantant, si charmant parce que toujours chaleureux : « Mi lé v’nue dire à ou, qu’ou l’a fait tomber quéque chose sous vot’banc… Mi l’a vu… ». Puis, gracieuse et souriante, elle s’enfuit aussitôt en tournant les talons, virevoltant et sautillant comme une gazelle dans le soleil couchant.
Surprise, je me penchai et aperçus en effet quelque chose sous mon banc. J’attrapai l’objet et constatai, très étonnée, qu’il s’agissait d’une espèce de volumineux cahier noir, ou encore, d’une sorte d’énorme carnet. Qui ne m’appartenait bien sûr pas… Je l’ouvris, et pus y lire sur la première page, tout en haut : « Journal d’un ancien globe-trotter ». Avec un étonnement croissant, je feuilletai quelques pages au hasard, et ce que j’y lus attisa encore ma curiosité. Comment, et pourquoi, ce cahier avait-il atterri là ?... L’avait-on jeté exprès, ou l’avait-on perdu ? Il appartenait forcément à quelqu’un… Mais le jour commençait à décliner sérieusement, et je devais parcourir plusieurs kilomètres pour regagner mon domicile, situé à Saint-Paul. Intriguée, je rangeai donc le cahier dans mon sac, remettant à plus tard chez moi l’envie d’en connaître davantage sur les mémoires intimes de mon inconnu. Je montai dans ma voiture et traversai, pour une fois sans trop de difficultés, les rues menant au Barachois, quartier du front de mer où se trouve entre autre la Préfecture, passant devant les célèbres canons dirigés vers l’océan indien et qui gardaient, dans le temps lontan, l’entrée de l’ancien port dionysien. Puis, je m’engouffrai sous le tunnel de la non moins célèbre falaise de la capitale, creusé tout d’abord, en des siècles anciens, par les esclaves d’alors, dont beaucoup ont hélas laissé leur vie sous d’innombrables éboulements ; éboulements malheureusement toujours d’actualité et qui le resteront malgré les énormes travaux entrepris pour y remédier, tels que les filets d’acier tendus sur la roche, ou encore les effondrements volontaires provoqués par des tirs de mine… Passage à risques, sorte de roulette russe pour tout automobiliste, mais passage cependant obligé pour permettre aux autochtones de circuler librement sur leur île, sans être contraints de prendre la route de montagne ; celle des « hauts », comme on dit ici, accidentée, parsemée de virages souvent dangereux, et surtout beaucoup trop longue…

A suivre...

samedi 18 août 2007

Dans l'une de mes nouvelles publiées, je règle son compte à la tauromachie, aux corridas...



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Réflexions sur la tauromachie, les corridas, au travers d’une adolescente de treize ans, l’une des héroïnes de ma nouvelle, « Le village indigne ».
Extrait de ce texte tiré de mon livre : Comme un noir soleil – courts romans, conte et autres nouvelles, publié en août 2006 aux éditions Ixcéa.

Le père de Mélanie patientait au salon. Il attendait les deux femmes pour passer à table. Il regardait la télévision devant laquelle il semblait tellement absorbé, qu’il leur dit bonjour évasivement, sans même lever la tête. La mère de Mélanie disparut pour aller d’abord porter ses emplettes dans sa chambre et ensuite pour voir si le couvert avait été mis par Alberte.
Mélanie vint s’asseoir à côté de son père sur le canapé. Une indicible horreur la saisit immédiatement. Son père regardait, avec une certaine délectation semblait-il, une corrida. Et celle-ci en était au stade où le toréador enfonçait un à un, dards immondes et cruels, ses banderilles dans la chair de l’animal. Le poil noir du taureau apparaissait rougi du sang qui s’épanchait de ses blessures profondes et qui coulait en rigoles un peu partout…
Voir ainsi une bête qui ne demandait rien, sinon qu’on la laissât tranquille, se débattre sur une piste, enragée de douleur, avec des instruments plantés dans le corps la faisant saigner, était un spectacle au-dessus des forces et de la sensibilité de Mélanie. Barbouillée, frissonnante et révoltée, n’en pouvant supporter davantage, elle se leva précipitamment et sortit du salon. Comment se pouvait-il que son père fût ainsi ? Aussi insensible ?…
« Maintenant, j’comprends ! pensa-t-elle malgré elle, S’il est comme ça, pas étonnant qu’y fasse rien pour les campeurs !… ».
À table, le père de Mélanie parla de la corrida. Il s’extasiait, disant que c’était un spectacle magnifique et qu’il aimerait en voir plus souvent. Redevenant nerveuse, Mélanie ne put s’empêcher de s’écrier d’une voix pleine de reproches :
« Eh ben moi, j’comprendrai jamais ceux qu’arrivent à supporter un tel spectacle ! J’trouve indécents ces combats sanguinaires ! Quelle barbarie ! On s’croirait r’tourné au temps où les gladiateurs combattaient les fauves dans les arènes… C’est aussi cruel, même si c’est plus les hommes qui sont tués par l’animal ; encore qu’il arrive parfois l’accident idiot, c’est l’taureau qui tue… De toute façon, il s’agit de mort. De la mise à mort infaillible, inexorable du taureau ! Le pauvre, on lui laisse aucune chance ! Comment peut-on s’repaître de quelque chose d’aussi morbide, d’aussi tragique ?… Tiens… ça m’fait penser à mon cours de latin : « Panem et circenses », a écrit le poète Juvénal dans l’une de ses Satires, en s’moquant des Romains dont c’était la préoccupation première… Quand j’pense qu’on en est toujours là !... C’que veut dire mon charabia ? C’est vrai qu’vous connaissez qu’le latin d’cuisine… Ça veut dire : « Du pain et des jeux »…
– Eh bien, dis donc, comme tu y vas ! répondit le père de Mélanie, surpris par tant de véhémence. Je ne savais pas que tu défendais avec autant de vigueur les taureaux ! Mais tu sais, je ne suis pas tout seul à apprécier les corridas… Nous sommes des milliers de par le monde à aimer voir ce spectacle superbe et grandiose. D’ailleurs, Hemingway que tu aimes lire, appréciait beaucoup ! Et sache que, de toute manière, les taureaux sont destinés à finir obligatoirement en boucherie, alors…
– Mais c’est pas une raison ! reprit Mélanie toujours révoltée. Ça, c’est ce que les gens disent pour se donner bonne conscience ! Ils iraient à la boucherie ? Eh ben, soit ! Mais pourquoi les faire souffrir avant ? Parce que c’est là, qu’elle est, la vraie boucherie ! L’autre est plus propre ! D’ailleurs, tant qu’y en aura qu’ça ne gênera pas d’voir le sang couler dans les spectacles, les guerres continueront sur terre… Y a beaucoup trop de gens insensibles… Ceux qui aiment les corridas l’sont, et y sont superficiels. Ils oublient la souffrance de l’animal, y veulent voir que la magnificence des matadors, avec leurs ronds de jambes et leurs ronds de bras dans leurs beaux habits chamarrés… Ces fameux « Habits de lumière », comme on dit ! Pacotille, tout ça ! Ils aiment la poudre aux yeux : paillettes, dorures et strass ! Comme si l’jeu des passes entre l’homme et la bête suffisait pas ! Pourquoi vouloir à chaque fois conclure tragiquement ? Comment peut-on s’délecter d’une « Mise à mort » ? En attendant, ceux qui apprécient c’genre de spectacle sont sûrement pas des philanthropes… des humanistes… D’ailleurs, j’vois pas comment dans la vie courante un toréador pourrait s’permettre d’assurer sans être vraiment ridicule : « Moi, je ferais pas de mal à une mouche ! ». Non… vraiment, les corridas sont absurdes, stupides, abjectes !
– Si c’est ton opinion ! répondit le père de Mélanie avec un demi-sourire. Mais n’empêche tout de même pas les autres d’aimer ce qu’ils veulent ! Chacun est libre. Et peut-être ne le sais-tu pas, mais à présent en France, à cause de la Feria annuelle qui a lieu depuis toujours dans les arènes de Nîmes, les corridas sont admises et reconnues comme étant un art culturel méridional… Ça veut tout de même dire quelque chose, non ? ».
La mère de Mélanie qui jusqu’alors suivait la conversation sans se prononcer, d’un ton neutre, fit les observations suivantes :
« Pour ma part, je pense comme toi, Mélanie. J’ai toujours trouvé insupportable, intolérable, de voir le sang couler, que ce soit celui des humains ou des bêtes… C’est déjà assez éprouvant de voir à la télé certains reportages où des gens se font massacrer… Alors pourquoi prendre du plaisir à regarder des taureaux se faire mutiler pour rien ? Je n’en vois vraiment pas l’intérêt ! Si ce n’est que l’homme est sans doute resté au plus profond de lui-même un sauvage capable de cruauté… D’ailleurs, Léonard de Vinci, en son temps, n’avait-il pas formulé que tuer un animal devait être assimilé à un meurtre ? Je partage cette opinion. Je trouve que toute action de tuer est forcément un meurtre, puisqu’on ôte une vie. Et, quand on dit : « Qui vole un œuf, vole un bœuf », on pourrait en fait aussi bien dire : « Qui tue un daim, tue un humain »… Pour conclure, je dirais que si l’on aime regarder des spectacles avec animaux, il faut aller voir ceux qui ne sont pas cruels. C’est tout de même plus noble, lorsque c’est pacifique… ».
De tels propos ravirent Mélanie. Elle contempla sa mère avec gratitude ; celle-ci venait de marquer un point dans le cœur de sa fille.

Mes humeurs littéraires...


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Mes humeurs littéraires…

La lecture est une évasion. Plus ou moins agréable, selon ce qu’on lit… L’évasion littéraire est synonyme de rêve. Mais tous les livres ne font pas rêver… Dans ce cas, il faut au moins qu’ils aient pu donner matière à réflexion, afin qu’il en reste quelque chose au final. Sinon, on les referme, déçus et frustrés…
De tout temps il y a eu, et il y aura toujours, différentes catégories de lecteurs. Laissons cependant de côté ceux qui ne s’intéressent qu’aux romans de gare ou autres du genre, mon propos étant de parler de la littérature au sens noble du terme, celle qu’on nomme « Les Belles Lettres », avec ses origines latines. Et ce qui semble plutôt navrant de nos jours, c’est de constater que chez certains auteurs pourtant en vogue, elle tende parfois à disparaître… Les idées sont là, mais le style laisse à désirer. Il est forcément plus facile d’écrire une histoire sans se soucier des règles élémentaires, grammaticales ou autres… D’aucuns diront que l’important, c’est que le roman soit captivant. Certes, ça compte énormément, et c’est presque l’essentiel ; seulement, si la littérature française devient de plus en plus galvaudée, elle perdra ses lettres de noblesse, son hégémonie (on peut aussi rencontrer un certain misérabilisme dans des textes n’apportant rien au lecteur…) et le français des origines finira ainsi par se perdre totalement. Du reste, à ce sujet, il y a longtemps que Jean d’Ormesson a tiré la sonnette d’alarme… D’autre part, il ne faudra plus s’étonner que les jeunes, qui ne lisent déjà pas beaucoup pour la plupart et qui recherchent donc surtout des lectures faciles dont ils auront entendu parler, soient très moyens, voire nuls en français… Et ce sont les nouvelles générations qui font l’avenir… On peut alors se demander quelle sera la littérature de demain ?… Ainsi qu’on le sait, le choix des lectures est primordial ; lorsqu’elles sont de qualité, elles sont enrichissantes à tous points de vue.
Il y a fort heureusement un important potentiel de lecteurs qui se comportent en parfaits exégètes, sachant d’instinct faire tout de suite les bons choix ; ou encore, après avoir été quelquefois déçus…
Déçus, par exemple, (pour ne prendre que les auteurs les plus en vue, ceux qui font l’actualité régulièrement) par les romans d’Amélie Nothomb… Non par la façon d’écrire de celle-ci., mais par sa thématique, jugée dans l’ensemble trop superficielle, trop désinvolte et répétitive (cf. de nombreux forums littéraires, où les lecteurs ont laissé, en concordance, ce genre d’observations. A noter qu’il s’agit principalement de lecteurs entre quarante et soixante ans et plus. Les plus jeunes lui vouant souvent un véritable culte…).
Déçus également encore par Michel Houellebecq, jugé par certains comme un peu trop vulgaire dans ses propos. Marc Levy ne semble pas toujours avoir la côte non plus, on trouve ses récits un peu simplistes…
Mon propre point de vue ? Chaque écrivain aura toujours ses adeptes et ses détracteurs… Le principal, c’est d’en avoir, ça prouve qu’on ne laisse pas indifférents !
Concernant Amélie Nothomb, je dirai surtout d’elle qu’elle est « Le phénomène Nothomb »… Je ne l’admire pas pour sa littérature qui ne me branche pas du tout et qui me rend sceptique et dubitative quant à ce côté faussement naïf et puéril qu’on y découvre (« Ante Christa », euh… bon !). On voit trop qu’elle joue, on pourrait même dire, « qu’elle se joue » du lecteur, avec son style par trop déjanté… On sent trop qu’elle s’amuse beaucoup en écrivant, sans se soucier du reste. Egocentrique, en fait… (Proust l’était aussi, mais évidemment…). Je l’admire cependant en tant que telle, pour son intelligence très vive, son sens de la répartie… Il faut voir comment elle s’y est prise pour qu’on la remarque dans le but de se faire connaître, avec son look de femme aux chapeaux extravagants ! Elle est très forte de ce côté-là ! Et ça, c’est un côté qui me plaît, j’ai toujours été attirée par les personnages originaux, charismatiques, ceux qui subjuguent et fascinent…
Marc Levy, je ne sais pas… Je n’ai lu qu’un seul de ses livres, « Vous revoir »… Je n’ai pas accroché du tout, j’ai refermé le livre après quelques pages, en jetant un œil de ci de là jusqu’à la fin. Pas emballée par ce genre d’histoire.
Il y a également Anna Gavalda… Si j’en juge d’après ses nouvelles, son premier livre, le seul que j’ai lu d’elle, « Il y a toujours quelqu’un qui m’attend quelque part », je dois dire que je n’apprécie pas vraiment… Ses récits m’ont paru sans réel intérêt, parce que naïfs et communs. Par ailleurs, je ne comprends pas bien quel rapport il peut y avoir entre son titre et ceux-ci… Mais peut-être en va-t-il maintenant tout autrement avec ses romans…
En revanche, Guillaume Musso que je viens de découvrir me plaît davantage. J’ai lu « Sauve-moi », c’était original et plaisant.
Il est certain que j’ai beaucoup de mal à trouver ce que j’aime parmi les ouvrages actuels proposés sur le marché… Et je pense ne pas être la seule. On ne doit sans doute pas découvrir ceux qu’il faudrait… Mais comme aujourd’hui peu de libraires s’intéressent aux auteurs non médiatisés, préférant proposer aux lecteurs les livres dont il est le plus parlé (ce qui leur évite toute argumentation…) lesdits lecteurs auront donc peu de chance de découvrir bon nombre d’auteurs qu’ils apprécieraient peut-être… Alors personnellement, j’en reviens donc toujours d’office à mes bons vieux romans d’autrefois ! La relecture des grands auteurs est une nécessité. Flaubert, Zola, Stendhal, Gauthier, Maupassant, Voltaire, et j’en passe… Sans oublier Balzac, avec sa « Comédie humaine » si réaliste, et qui sera toujours d’actualité! Autant d’écrivains qui interpellent vraiment le lecteur, qui le font vibrer, vivre intérieurement, en lui apportant ce qu’il y a de plus important dans la lecture : l’élévation de l’esprit.
Trouve-t-on encore cela à présent ? Peut-être, et même certainement, mais apparemment pas parmi ceux dont il est le plus parlé… Et je doute que ce soit avec la même intensité.
Il semblerait que l’on vive maintenant dans une époque où l’homme préfère la facilité. Paresse, ou manque de temps ?... Une époque où le consumérisme est roi, avec le jeunisme… Ajoutons-y un mercantilisme notoire pour recouvrir le tout, et cela donne la culture émergeante ! Autrefois, les peintres composaient de somptueux tableaux qui leur prenaient un temps infini. Terminé, ce temps-là… Il faut aller vite et produire plus, pour gagner plus… Est-ce la même chose concernant la littérature ?
Compositions picturales réduites, textes souvent pas assez approfondis… Va-t-on de plus en plus vers un certain minimalisme, ce mot à la mode qui veut que tout devienne un minimum ?
Ainsi, pour en revenir à la lecture, beaucoup de lecteurs (attention, je parle seulement de certains…) se laissent-ils influencer dans leurs choix… Se comportant comme des moutons de Panurge, ils achètent tous la même chose, ce que la publicité ou le ouï-dire leur indique comme étant ce qu’il y a de mieux… Ceux-là ont-ils donc perdu toute curiosité ? Ont-ils perdu le goût de la découverte personnelle ? Prendre le temps de flâner dans quelques bonnes librairies, errer dans les rayons en quête d’un livre inconnu qui attirera tout à coup plus qu’aucun autre, pour lequel on aura un coup de cœur, voilà un plaisir autrement jubilatoire et excitant que de se borner à se fier au goût des autres ! Enfin… quand on est suffisamment épris de littérature, ça va de soi !
Je sais bien qu’il en existe encore, de ces lecteurs-là… Dieu merci ! Mais sont-ils si nombreux que ça ?
Pour ma part, c’est ainsi que j’ai découvert Nabokov il y a bien longtemps ; il était alors pratiquement inconnu…
Cette démarche est donc extrêmement utile aux auteurs en mal de reconnaissance. Ce sera grâce aux lecteurs qui les auront découverts qu’ils émergeront un jour…
C’est dire combien le rôle des lecteurs est important !
Sans soutien d’adeptes qui croient en lui, l’artiste ne peut exister… Du moins existe-t-il pour lui-même, mais dans son cas, ce n’est évidemment pas suffisant.

Quelques mots sur l'auteur...

Ecrivain originaire de Nantes, je vis actuellement à La Réunion. J’ai préféré quitter ma ville en 1987 et partir pour les îles tropicales. A la recherche d’un soleil beaucoup plus présent, de nouvelles sources d’inspiration… L’atmosphère ambiante me déprimait.
Après un périple au Sri Lanka, à l’île Maurice et à La Réunion, c’est sur cette dernière île que j’ai finalement posé bagages. Avec cependant une incursion de huit ans sur l’île de Mayotte...
Romancière et nouvelliste, poète à mes heures, j’ai une thématique bien précise : écrire sur des faits de société souvent mêlés de faits historiques, ou encore sur certains faits divers. Particulièrement touchée par les exactions, les génocides, les injustices, mes récits me servent souvent de prétexte pour les dénoncer, même s’ils sont parfois empreints d’une certaine légèreté ou d’un peu d’humour et de fantastique. Je ne suis pas historienne, je suis avant tout romancière…
Boulimique de lecture dès mon plus jeune âge, mes Maîtres à penser me viennent des auteurs des siècles précédents, avec une préférence pour ceux du 19è siècle et d’une partie du 20è.
Maupassant, Zola, Flaubert, Gogol, Tolstoï, Dostoïevski, Shakespeare, Dickens, Sartre, Camus, Giraudoux, Mauriac, Bazin, Colette, Duras, Yourcenar… Autant d’auteurs dits classiques dont mon style s’est inspiré, bien que celui-ci s’appuie sur une narration plutôt originale dans l’ensemble.
J’ai collaboré à de nombreux collectifs d’auteurs et à quelques anthologies poétiques. On retrouve plusieurs de mes inédits de nouvelles et poèmes sur divers sites littéraires.
A ce jour, j’ai écrit et publié six ouvrages, soit quatre romans, un recueil de nouvelles et un recueil de poèmes (le quatrième roman doit paraître dans le courant de l’année 2007).
On peut les découvrir sur mon site personnel avec mes articles de presse, mes interviews audio et quelques témoignages de lecteurs.

JUSTINE MERIEAU - ECRIVAIN

Blog destiné à faire connaître mes livres, romans et nouvelles. J'y présente des extraits de ceux-ci, avec également quelques inédits. Mais on y trouvera aussi mes humeurs littéraires du moment...
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Saint-Joseph, 97480, Réunion
Ecrivain nantais, je suis romancière et nouvelliste. Je demeure à La Réunion depuis 1987.