dimanche 7 février 2010

SUR LE VOILE EN FRANCE




On trouve l’évocation du voile dans la Bible.
La Bible contient un petit bijou de littérature profane : le Cantique des Cantiques (le superlatif n’existant pas en hébreu, il serait plus logique de dire : le plus beau des cantiques). Il s’agirait en fait d'un chant d’amour entre un berger et une jeune femme (une Sulamithe, convoitée par le roi Salomon). En voici un extrait :

(Bible / Cantique des cantiques / 4.1)

"Que tu es belle, mon amie, que tu es belle !
Tes yeux sont des colombes, derrière ton voile.
Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres,
Suspendues aux flancs de la montagne de Galaad.

Il est à noter que le voile porté par les femmes de cette époque ne cachait donc pas les cheveux et qu’il ne devait représenter qu’une habitude vestimentaire ; soit une mode, soit encore une façon de se protéger du soleil ...

Je me pose alors la question de savoir pourquoi les femmes musulmanes de France qui ne seraient pas obligées par leur mari à porter le voile le porteraient ? Puisque aucun verset du coran ne l’implicite… Cette obligation provient d’Iran, où je ne sais plus quel mollah l’a instaurée voici des lustres. Lorsqu’on voit d’ailleurs ce qui se passe de nos jours en Iran, il n’y a pas à s’en étonner… Pour en revenir aux musulmanes de France qui portent le voile d'elles-mêmes, sont-elles masochistes ? Contre la féminité ? Contre la modernité ? Sont-elles complètement timorées ? Ont-elles peur de quelque chose et cherchent-elles à se protéger ? Ou bien encore, veulent-elles à tout prix qu'on sache qu'elles sont musulmanes ?

Je rajouterai que si le foulard exista chez les chrétiennes de France jusque dans les années 60 environ, notamment chez les catholiques pratiquantes, il ne fut jamais porté que pour se rendre à l'église... En fait, il fallait seulement se couvrir la tête durant les offices religieux et beaucoup de femmes portaient plutôt un bonnet ou un chapeau. Cette coutume n'a plus cours depuis des décennies et chacune fait ce que bon lui semble à l'église.
Durant les années 60, 70 et 80, il y a eu également une mode du foulard, lancée, je pense, par le célèbre couturier Hermès ; certaines le portaient parfois comme un châle, parfois autour du cou, ou encore sur la tête pour maîtriser leurs cheveux lorsqu'elles utilisaient une voiture décapotable et par temps de pluie ou de froid... Ce genre de foulard est d'ailleurs toujours d'actualité encore aujourd'hui pour certaines femmes.
Comme on le voit, tout ceci n'a strictement rien à voir avec voile, hidjab et burqa portés par certaines musulmanes... Puisque n'importe quelle femme française, de quelque confession qu'elle soit ou même athée, continue à porter ou non ce qu'elle a envie sur sa tête, suivant ses humeurs ; tandis que la femme musulmane voilée arbore sa tenue de façon identique et continuelle, un peu comme un uniforme qui désigne d'office sa religion. Car il est évident qu'une femme ne pratiquant pas l'islam ne serait pas voilée et pas en permanence... Si certaines femmes musulmanes se voilent par plaisir où pour toute autre raison qui ne regarde qu’elles, alors qu’elles le fassent seulement chez elles, chez leurs amis, ou lorsqu’elles se rendent à la mosquée (comme les juifs de France, qui ne portent la kippa que pour se rendre à la synagogue). Une loi est d’ailleurs en préparation n’autorisant pas le voile dans les établissements publics.
Personnellement, si je suis heureuse de la pluralité ethnique de la France, il me semble néanmoins logique que tous les Français d'origine étrangère se conforment aux us et coutumes du pays où ils ont choisi de vivre. Lorsqu'on sait que la France est avant tout laïque et chrétienne, j'estime qu'elle se montre suffisamment compréhensive pour avoir accepté que des bâtiments religieux autres que chrétiens soient édifiés sur son sol. Et je doute fort que dans le cas contraire, certains gouvernements musulmans auraient accepté de voir s'ériger des églises sur leur territoire... Un exemple ? Si la guerre du Liban a existé, c’est bien en partie parce que les musulmans s’en prenaient aux chrétiens, donc à leurs églises… Un autre exemple, plus proche : j’ai habité à Mayotte, île musulmane. Huit ans, de 1996 à 2004. La seule église qui s’était installée tant bien que mal à Mamoudzou, la capitale, recevait en permanence des jets incessants de pierres. Le curé en a même reçu une un jour…

Je vais maintenant parler d’un ami personnel. C’est un cinéaste et écrivain algérien. Il a fui l'Algérie dans le courant des années 90. Parce que c'était un sympathisant de la France, et que les intégristes algériens n'hésitaient pas à tuer toute personne algérienne ne parlant pas uniquement arabe et ayant lié amitié avec des Français. Mon ami risquait donc sa vie, d'autant qu'il parlait français, lisait des livres français, écrivait des articles en langue française pour dénoncer ce qui se passait en Algérie et fréquentait des femmes blanches ou des femmes arabes modernes, donc sans hidjab. Autour de lui, il a eu des membres de sa famille et des amis qui ont été retrouvés égorgés dans leur maison. Il a connu des jeunes femmes qui ont également été égorgées pour avoir cessé de porter le hidjab. Il a d'ailleurs consigné tout ceci dans un livre publié en 2001. Du reste, je me souviens très bien que jusqu'en 96 ou 97, aux informations télévisées on nous faisait part de telles atrocités se passant en Algérie. Les règlements de compte allaient bon train là-bas de la part des intégristes. Actuellement ça existe encore parfois, mais il en est beaucoup moins parlé.
A l'indépendance de l'Algérie en 62, la plupart des sympathisants avaient dû quitter leur pays pour se réfugier en France par peur des représailles. Leurs enfants et petits-enfants sont maintenant français à part entière. Les Algériens, peuple musulman, ont donc toujours continué à pratiquer l'islam entre eux en France ; de même qu'ils ont conservé certaines de leurs coutumes liées à leur religion, puisque comme chacun sait l'islam et l'Etat ne font qu'un, à l'encontre du christianisme qui est séparé de l'Etat. Je pense même que l'islam est la seule religion qui ne se soit pas dissociée de l'Etat. A mon avis, c'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles les musulmans ont des difficultés à s'intégrer dans un pays non musulman ; c'est sans doute trop différent pour eux. D'autant que si bon nombre de religions, dont le christianisme, ont évolué au fil du temps parce que cela devenait nécessaire, l'islam, quant à lui, en est resté pratiquement à ses origines. Par exemple, il y a belle lurette que le christianisme a supprimé le jeûn intensif au moment des Pâques, car ce n'était plus adapté avec le monde du travail ; de même qu'il y a belle lurette qu'aucun agneau pascal n'est immolé, cette coutume ne cadrant plus avec les mentalités, qui la jugeaient barbare et correspondant à une époque révolue. Alors que le Ramadan se poursuit de la même manière, sans doute depuis les origines, et que des centaines de moutons sont sacrifiés tous les ans lors de la Hide... Même s'il y a maintenant une législation en vigueur sur la façon de tuer les moutons, il semblerait davantage logique que cette pratique soit interdite en France, étant donné que les chrétiens de France ont cessé la leur... Et soit dit en passant, il est étonnant que de toutes les religions pratiquées en France, ce soit l'islam qui fasse le plus de vagues, le plus de remous... Toutes les autres religions sont beaucoup plus discrètes. Déjà, même si l'on trouve parfois des intégristes juifs et chrétiens, ils ne seront jamais en aussi grand nombre que les intégristes musulmans, qui, eux, en plus, font sauter des bombes un peu partout dans le monde... C'est très dommageable pour l'islam, pour son image de marque. D'autant que beaucoup d'Européens s'étonnent que les musulmans, dans leur ensemble, ne fassent pas plus que ça la chasse aux intégristes se réclamant du coran...
Mais revenons aux femmes musulmanes... Les jeunes filles musulmanes françaises ont souvent eu maille à partir avec un père ou un frère aîné voulant les soumettre à des coutumes n'ayant pas lieu en France, comme les mariages arrangés, par exemple ; en principe, on emmenait de force la jeune fille dans un pays du Maghreb pour la marier, souvent avec un homme beaucoup plus âgé. Pourquoi ? Parce que les parents ou certains frères aînés avaient peur de voir leurs filles ou leurs soeurs trop s'émanciper, devenir trop modernes en France, peur qu'elles tombent enceintes... (Qui n'a pas vu, encore dernièrement aux informations télévisées, des jeunes filles maghrebines s'être fait agresser ou tuer par des membres de leur famille ou des amis proches, parce qu'elles voulaient vivre en femmes libres et modernes ?) Parfois, les jeunes filles mariées ailleurs contre leur volonté parvenaient à s'enfuir et revenaient en France se réfugier dans des associations les protégeant de ce genre de pratique. J'ai eu plusieurs fois l'occasion d'écouter certains témoignages dans des émissions télévisées...
Même si voile et mariage forcé ne vont pas forcément de paire, il s'est tout de même souvent trouvé que la jeune fille ait été obligée de se marier avec quelqu’un choisi par le père et que le mari l’oblige ensuite à se voiler ; dans ce cas, a-t-on forcément affaire à un islamiste ? Il paraîtrait que ce ne soit pas obligatoire, mais que l'homme étant âgé a peur qu'on puisse convoiter sa jeune épouse ; alors il la cache, en quelque sorte...
La meilleure preuve étayant mes dires, c'est ce livre paru en 2006 aux éditions JC Lattes, intitulé, LE VOILE DE LA PEUR. Il a été écrit par Samia Shariff, une Algérienne qui a vécu autrefois en France avec ses parents. Ceux-ci s'y étaient installés fin des années 50 et étaient retournés ensuite en Algérie lors de son indépendance. C'est à ce moment-là que le calvaire a commencé pour cette jeune femme, et qu'il a continué lorsqu’elle est revenue vivre en France avec le mari qu’on lui avait imposé... La seule façon pour elle d’échapper à ce calvaire, aura été de parvenir à s’enfuir. Actuellement, elle vit au Canada. Dans son livre, elle apporte un témoignage bouleversant sur la vie des femmes algériennes des années 60-70. Mais en 80, ça ne devait pas avoir beaucoup changé, je suppose. A présent, je ne sais pas... Je l'espère pour elles !
Voici quelques passages du livre :

"Nos traditions et nos moeurs - je m'en rends compte aujourd'hui - sont très particulières. La femme musulmane dépend d'un homme toute sa vie durant ; elle dépend d'abord de son père puis de son mari. En l'absence de l'un ou de l'autre, elle sera sous l'autorité de son frère et à défaut de celui-ci, de son oncle. Elle ne peut décider par elle-même ni pour elle-même. Selon la croyance musulmane, une femme est incapable de réfléchir aussi bien qu'un homme et elle pourrait prendre une décision qui lui serait préjudiciable. Encore de nos jours, les petites filles musulmanes baignent dans ce sentiment d'infériorité et grandissent en le tenant pour acquis. Si, exceptionnellement, une femme musulmane décide de se prendre en mains, elle représentera un danger, non seulement pour sa famille, mais aussi pour elle-même.
Ainsi mon mari me dit-il un jour : « Ton devoir de bonne musulmane est de me satisfaire en tout points et si tu refuses tu perdras ta place au Paradis. Je suis ton mari et tu me dois respect et obéissance. Ce sont les lois islamiques. D'ailleurs, dans le coran il y a ce verset, où Dieu dit en parlant des hommes "Vous êtes les bergers et vos femmes sont votre bétail".
Un autre passage du livre, où le mari a frappé l'héroïne, qui se retrouve à l'hôpital.
Il lui dit : " J'espère que tu n'as rien dit à personne. Je regrette que cet incident se soit passé en France. Chez nous, au pays, nous n'aurions eu de comptes à rendre à personne. En France ils nous contrôlent, car nous vivons chez eux et ils veulent nous empêcher de vivre normalement avec nos femmes ; ici c'est la prison qui attend un homme qui bat sa femme. Les Français veulent changer les lois de Dieu ! Les misérables, qu'ils soient damnés à jamais !".

JUSTINE MERIEAU - ECRIVAIN

Blog destiné à faire connaître mes livres, romans et nouvelles. J'y présente des extraits de ceux-ci, avec également quelques inédits. Mais on y trouvera aussi mes humeurs littéraires du moment...
Bienvenue aux amoureux de la littérature !

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Saint-Joseph, 97480, Réunion
Ecrivain nantais, je suis romancière et nouvelliste. Je demeure à La Réunion depuis 1987.